J’ai commencé à capter des sons à l’âge de 17 ans, cela fait aujourd’hui 20 ans que j’ai un micro à portée de main, qui m’accompagne. Passionnée par le documentaire, par la matière ordinaire qui fait événement, je travaille principalement en résidence de création pour des projets d’installation sonore in-situ. Chaque projet est nourri de capsules sonores réalisées à partir de portraits, de paysages sonores, de scènes de la vie, que j’enregistre et monte pour comprendre et habiter les contextes des résidences. Il existe ensuite une réinterprétation et le documentaire se transforme pour n’en garder qu’une essence, une poésie sonore abstraite qui donne vie à l’installation.
Je m’attache à raconter des histoires. S’inscrire dans la réalité, marcher, rencontrer, capter le paysage sonore, garder trace appartient à mon protocole de création. Mon écriture s’élabore à travers l’assemblage, le collage, une manière pour moi de sampler la matière vivante par le biais du montage de mes bandes sonores et la fabrication de l’œuvre.
J’archive les objets sonores comme autant d’images qu’ils projettent, faisant appel à une mémoire collective et individuelle. J’envisage le son comme matière à entendre et à écouter, en portant une attention
particulière à l’humain. La voix est la chair de mes installations créées en écho à un contexte spécifique.
Extraire les intensités anonymes de l’espace public, c’est rejouer la partition du réel, en garder une genèse réinventée. Le récit se forme et se transforme, s’expose et cherche à transmettre le geste premier de la collaboration, l’interaction avec les personnes rencontrées. Si l’unité stylistique n’est à priori pas évidente, chaque œuvre est le résultat d’une expérience significative, tangible, par laquelle je romps provisoirement avec ce que j’avais précédemment mis en place.
Mon travail s’ajuste dans l’espace de monstration qu’il soit destiné à accueillir des œuvres ou non. Je tends à l’approcher, le considérer, l’appréhender, le détourner.
Le principe de mes installations se lie avec les murs qui l’accueillent, revisite ses angles, joue avec ses résonances, son échelle.
J’aime à penser qu’il s’agit d’objets-mémoires, comme des jalons éphémères de la petite histoire.